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Setsubun (fête du lancer de haricot) est une fête nationale japonaise non chômée qui célèbre l'arrivée du printemps selon l'ancien calendrier lunaire (calendrier agricole d'origine chinoise). De nos jours, elle est célébrée le 3 février de chaque année. Setsubun désigne littéralement les noeuds du bambou qui séparent chaque section du tronc. Ces sections symbolisant chacune une saison, le setsubun est le moment charnière du passage d'une saison à l'autre. Il existait donc autrefois quatre fêtes de setsubun, dont seule celle du Risshun ("commencement du printemps"), est encore célébrée de nos jours. Cette célébration, d'origine chinoise, arriva au Japon aux environs du 8ème siècle (période Nara). À l'origine, Setsubun était une cérémonie d'exorcisation qui, à partir de la période Heian (794-1185), fut célébrée de deux manières différentes. D'une part, elle devint une grande fête de palais, où les nobles chassaient à l'arc les mauvais esprits, et d'autre part, une fête religieuse, où les mêmes mauvais esprits étaient alors exorcisés à l'aide de daizu (haricots de soja ). Il faut attendre la période Muromachi (1336-1573), pour voir les deux cérémonies fusionner à nouveau. Ce n'est qu'à partir de la période Edo (1600-1868) que la fête de setsubun se démocratise et prend une forme proche de celle qui est pratiquée de nos jours.
La nuit de Setsubun on pratique le mame-maki, qui consiste à jeter des haricots de soja pour convoquer la fortune et éviter la malchance. On remplit une mesure à grains (mame) avec des haricots rotis, on les jette dehors en criant "Oni wa soto !" (Dehors les démons) et on en jette à l'intérieur en criant "Fuku wa uchi !"(Dedans la fortune). Certains n'hésitent pas à se déguiser en démons à cette occasion et on les pourchasse en riant et en leur jetant des graines de soja. On fabrique des déguisements et des masques dans les écoles pour les porter ce jour là. Ensuite, chacun mange autant de haricots que son âge afin d'éviter les maladies pendant l'année à venir et s'assurer une longue vie. Comme cette cérémonie a essentiellement pour but de faire venir la chance, il y a des magasins qui vendent des décorations porte-bonheur. Certaines, superbes, peuvent coûter plusieurs milliers d'euros. Une autre façon de se garantir une bonne année est de manger un rouleau de sushi spécial, de 20 cm de long, d'un coup sans dire un mot. La nuit de Setsubun, beaucoup de japonais décorent un houx devant leurs maisons avec une tête de sardine, une gousse d'ail et un oignon. Ces talismans sont destinés à tenir les démons à distance. On peut aussi dans certains endroits acheter des poupées daruma qui représentent Bodhidarma, un prêtre boudhiste qui a introduit le boudhisme en Chine. La légende dit qu'il a tellement prié que ses jambes et ses bras ont rétréci et qu'il a fini par n'être plus qu'un visage. La tradition veut qu'on achète une poupée, qu'on peigne un oeil en noir en faisant un voeu puis on peint l'autre oeil en noir lorsque le voeu est exaucé.